Wild Fell

Paru en 2013, Wild Fell est une « ghost story » signée de l’auteur canadien Michael Rowe déjà récompensé de plusieurs prix littéraires, notamment dans le domaine de l’épouvante. Publié en français chez Bragelonne en 2016 dans leur collection « L’ombre », il avait été fortement conseillé par Myriam sur sa chaîne « Un Jour. Un livre » pour Halloween. Mon intérêt n’a fait que grandir ensuite via la critique de Sandy sur son blog « Je ne sais point lire ». Voici ce que j’en ai pensé.

« Je veux vous faire connaître la peur. J'ai une histoire de fantôme à vous raconter, qui ne ressemble à aucune de celles que vous avez pu entendre. C'est la mienne, et elle est vraie. »

Un résumé très trompeur

Une fois n’est pas coutume je vais commencer par le négatif, mais rassurez-vous ce livre a beaucoup de points positifs et je vais plutôt ici critiquer la promesse que fait l’éditeur au lecteur. Car en effet, le gros vice de livre c’est son résumé. L’histoire promise n’arrive que très tardivement, l’essentiel du roman se situant dans l’enfance de Jameson, et non à son âge adulte lorsqu’il a acheté Wild Fell. Ne vous attendez donc pas à plonger directement dans cette maison particulière, mais rassurez-vous quand même, toute la longue partie sur la vie de Jameson n’est pas exempte d’évènements. Heureusement pour moi, Sandy avait prévenu les éventuels futurs lecteurs de ce fait dans sa chronique et je savais donc à quoi m’attendre sans être déçue (merci pour ça!). J’ai d’ailleurs été assez captivée par cette histoire d’épouvante en cuisson à feu doux dès le début. Tout doucement, par de légères touches, l’auteur nous entraîne sur le chemin de Wild Fell et sur un évènement inexorable, faisant monter la tension sans en devenir grotesque. Car l’enfance du petite Jameson connaît quelques troubles, quelques évènements inexpliqués, tous liés à une curieuse amie dans le miroir… Mais je vous laisse découvrir tout ça par vous-mêmes! Autre point négatif? Si j'aime bien la couverture, je ne peux m'empêcher de regretter celle de la version originale qui donne un cachet supplémentaire à l'histoire... Mais là je chipote.

«  Et c'est ainsi que naissent les légendes dans les petites villes du Nord en bordure d'endroits devant lesquels les autres gens ne font que passer, en route pour ailleurs: par un cri dans le noir, et un demi-siècle de patience. »

Une construction subtile

Michael Rowe distille dans un jeu de nuances et de suggestions subtiles, une histoire d’épouvante classique et moderne à la fois. Il y a un peu de Poe, pas dans la plume (parce que bien que très agréable, elle n’est pas encore comparable au génie d’Edgar Allan Poe) mais dans le style. C’est une histoire aux allures de ghost story victorienne, tout en conservant une originalité moderne. Démarrant sur les chapeaux de roues par un prologue (de 40 pages tout de même) terriblement captivant, angoissant et envoûtant, le roman piège le lecteur dans sa toile de façon irrévocable. Puis, chaque détail étrange dans la vie de Jameson devient sujet à créer une montée d’adrénaline chez son lecteur, qui, depuis le prologue, est plongée dans une ambiance particulière. Le tout monte crescendo, à la fois avec élégance et douceur, mais avec ce qu’il faut de détails pour que lecteur reste happé, comme envoûté. Et même si les évènements de révélations tardent à venir, le plaisir de lecture ne souffre d’aucun temps mort. Alors oui, je n’ai pas ressenti une terreur particulière, peut-être habituée à pire, mais je sais qu’il est terriblement efficace chez d’autres car les lecteurs de la bibliothèque où je travaille me le ramènent terrifiés. La suggestion permet de ne pas transformer Wild Fell en vulgaire foire à l’horreur remplie de clichés et sans aucune subtilité. Non, ici c’est avec élégance que la peur s’insinue en nous comme une légère brise glaciale qui vous gèle progressivement jusqu’aux os. L’auteur dresse doucement la toile qui se refermera inexorablement autour de Jameson, créant, pour le lecteur, une ambiance sombre et pesante où chaque élément devient sujet à interprétation. Terriblement efficace! 

En bref, Wild Fell n’est peut-être pas ce que promet son résumé mais c’est une très bonne histoire d’épouvante, subtile et nuancée qui vous plongera dans une ambiance très particulière.

« Elle attend dans l’obscurité depuis plus d’un siècle.

Dressée sur les rives désolées de Blackmore Island, Wild Fell tombe en ruine. La vieille demeure résiste pourtant aux assauts des saisons depuis des décennies. Bâtie pour sa famille par un homme de pouvoir du xixe siècle, la maison a gardé ses terribles secrets. Depuis cent ans, les habitants de la région prient pour que les ombres piégées à l’intérieur de Wild Fell y restent, loin, très loin de la lumière.

À présent, il est venu à elle.

Jameson Browning, qui connaît bien la souffrance, a acheté Wild Fell avec l’intention d’y commencer une nouvelle vie. De laisser entrer la lumière. Mais ce qui rôde dans la maison est fidèle aux ténèbres qui y règnent, et la garde jalousement. Elle a attendu Jameson toute sa vie… ou même plus longtemps. Et maintenant, enfin… elle l’a trouvé.»

* Question du jour: quelle est l’histoire de fantômes qui vous effraie le plus? *