Ecotopia

Ecotopia est un roman de science-fiction datant de 1975 qui est ressorti en français en 2018 chez Rue de l’échiquier puis Folio SF en 2021 avant d’être adapté en format audio chez Audiolib en 2022. C’est sous ce format que j’ai décidé de découvrir ce titre qui évoque une utopie écologique et sociale imaginée par Ernest Callenbach et lu par François Hatt. Voici ce que j’en ai pensé…

« Sur tout le paysage plane ce silence lugubre, ponctué par le léger vrombissement des bicyclettes et les cris des enfants. Parfois, aussi incroyable que cela puisse paraître dans l'artère principale d'une capitale, on entend même un oiseau chanter.»

Un mode d’emploi pour une autre société

Ce roman d’Ernest Callenbach propose la découverte d’une société qui a fait sécession et s’est construite sur un tout autre modèle écologique et sociale que le reste des Etats-Unis. C’est dans cet environnement que nous suivons un américain journaliste venu témoigner de la vie là-bas. Ecotopia utilise une narration double, alternant entre des articles de presse qu’écrit le narrateur à propos de la société écotopienne et des extraits plus courts de son journal intime personnel. Le roman prend ainsi souvent un air d’essai développant en détails le mode de vie écotopien, des préceptes écologiques aux considérations économiques et sociales en passant par les loisirs et les valeurs. Le ton est journalistique sur ces passages, presque clinique, et nous permet de découvrir, non sans une certaine fascination, une société extrêmement novatrice pour 1975, que ce soit sur les aspects de respect de la nature et des ressources que sur les avancées sociales, notamment le travail ou le respect du temps de loisir. C’est sur ces aspects-là que le roman m’a embarquée, pour ses idées avant-gardistes et pour les propositions parfois très intéressantes de l’Ecotopia applicables à notre monde. Malheureusement, c’est aussi le seul aspect qui m’a plu…

« Mais les effets les plus notables de cette semaine de travail réduite à vingt heures furent d'ordre philosophique et écologique : l'homme, affirmaient les Écotopiens, n'est pas fait pour la production, contrairement à ce qu'on avait cru au XIXe siècle et au début du XXe. L'homme est fait pour s'insérer modestement dans un réseau continu et stable d'organismes vivants, en modifiant le moins possible les équilibres de ce biotope. Cette approche impliquait de mettre un terme à la société de consommation tout en assurant la survie de l'humanité, ce qui devint un objectif presque religieux, peut-être assez proche des premières doctrines du "salut" chrétien. Le bonheur des gens ne dépendait pas de la domination qu'il exerçaient sur toutes les créatures terrestres, mais d'une coexistence pacifique et équilibrée avec elles.»

Un roman moyen

Si on exclut les idées absolument géniales qui servent de base à la société écotopienne, le roman reste, lui, très daté. Le narrateur, principalement, est un vieux gars assez détestable qui n’a que peu d’intérêt. Sexiste, psychophobe, raciste, il a un ton narratif hautain très désagréable qui, malgré « l’évolution » du personnage au contact de cette autre société, reste un personnage que je n’ai pris aucun plaisir à suivre. Les parties personnelles du roman, dont j’attendais un apport romancé et une immersion émotionnelle, sont pour moi sans aucun intérêt, tournant essentiellement autour de ses aventures sexuelles qui sont non seulement répétitives, souvent sexistes et inintéressante alors qu’il y a tant à expérimenter en Ecotopia. J’ai écouté d’une seule oreille tous ces passages au bout de quelques heures d’écoute, bien tentée d’abandonner mais ayant finalement tenu le coup, curieuse de la fin. Elle n’aura pas réussi à me convaincre malheureusement. Si Ecotopia avait été simplement un essai sur une société utopique, peut-être que ça aurait largement suffit pour moi finalement.

En bref, Ecotopia ne m’aura pas convaincue. Bien que j’ai été réellement impressionnée et très intéressée par le fonctionnement de la société imaginée par l’auteur, que ce soit sur les avancées sociales ou écologiques, l’aspect roman ne m’aura pas convaincu. Le narrateur, très autocentré et désagréable y a été pour beaucoup et l’intérêt des parties « personnelles » du roman est pour moi totalement nul. 

« Trois États de la côte ouest des États-Unis – la Californie, l'Oregon et l'État de Washington – décident de faire sécession et de construire, dans un isolement total, une société écologique radicale, baptisée Écotopia. Vingt ans après, l'heure est à la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays. Pour la première fois, l'Écotopia ouvre ses frontières à un journaliste américain, William Weston.

Au fil de ses articles envoyés au Times-Post, Weston décrit tous les aspects de la société écotopienne : les femmes au pouvoir, l'autogestion, la décentralisation, les 20 heures de travail hebdomadaire, le recyclage systématique, la relation passionnée à la nature, etc. Quant à son journal intime, il révèle le parcours initiatique qui est le sien ; d'abord sceptique, voire cynique, William Weston vit une profonde transformation intérieure. Son histoire d'amour intense avec une Écotopienne va le contraindre à choisir entre deux mondes. »

(Illustration de couverture : © Sam Von Olffen)

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[Lecture n°14 (15/84 points avec les bonus pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 11 de Ma lecturothèque]