Gone with the wind. Tome 1/2

Pierre Alary, auteur et illustrateur BD, s’est attaqué à un monument de la littérature en adaptant cette année le roman de Margaret Mitchell Autant en emporte le vent sous son titre original, Gone with the wind. Annoncé en deux volumes, cette adaptation paraît aux éditions Rue de Sèvres avec un premier tome publié début avril. Voici ce que j’en ai pensé...

[NB : Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres pour cette réception surprise.]

« La vie d'Ellen n'était pas facile ni vraiment heureuse, mais c'était le lot des femmes. C'était un monde d'homme, et elle l'acceptait comme tel. L'homme possédait les terres, la femme les administrait. L'homme s'attribuait tous les mérites de la gestion, et la femme louait sa clairvoyance.»

Scarlett O’Hara, l’insupportable

Avant toute chose, je dois signaler que je ne pense pas être le bon public pour cette BD. Bien que je connaisse, grossièrement, l’œuvre originale, elle fait partie de ces romans que j’ai un jour tenté de lire mais volontairement abandonné, lassée de ses personnages et de son intrigue. Scarlett O’Hara m’a toujours été absolument insupportable à suivre, engoncée dans une époque et des privilèges pour lesquels je n’ai aucune amitié. Égocentrique, pimbêche, bien à l’aise dans son statut de fille aisée de propriétaire d’esclaves du sud américain. Et je dois dire qu’elle m’est tout autant insupportable en BD. Concernant la qualité de l’adaptation, je ne pourrais pas juger de beaucoup plus n’ayant jamais achevé la lecture du roman. Je sais que c’est une œuvre à remettre dans son époque, mais au-delà de cet aspect, je ne suis tout simplement pas attirée par les histoires d’amour, d’autant plus si elles sont impossibles et/ou torturées. Je n’arrive pas à vraiment m’émouvoir pour ces protagonistes aisés, mais bien plus pour celles et ceux en arrière-plan qui subissent leur condition d’esclaves en plus de la période de la guerre. J’ai cependant apprécié la volonté farouche de l’héroïne de pouvoir accéder à un semblant d’autonomie et de liberté malgré la pression sociale bien lourde sur les femmes. J’ai aussi apprécié son courage. Un léger vent de féminisme qui soulage un peu.

Une BD d’une grande richesse

Je dois dire que j’ai été particulièrement impressionnée par la quantité d’éléments que Pierre Alary a su intégrer au format BD. C’est après tout un roman fresque d’une époque, celui de la Guerre de Sécession américaine, d’un point de vue sudiste. On y passe des campagnes et plantations à la ville vibrante d’Atlanta. On y évoque les conditions des esclaves et celles de la guerre fratricide qui se déroule en toile de fond. Dans ce premier volume BD, on trace la jeunesse de la jeune Scarlett, l’histoire de son amour impossible, de son mariage comme de son veuvage jusqu’à la guerre et son issue. Un condensé riche et dense qui ne souffre aucunement du format illustré où il prend même tout son essor dans une débauche de décors et de costumes historiques splendides. Graphiquement, j’ai été conquise par cette bande dessinée qui a su, de fait, m’emporter bien plus loin que le roman. Je ne dirai pas qu’elle m’aura réconcilié avec cette histoire, loin s’en faut, mais elle fut néanmoins plutôt appréciable. Je ne pense cependant pas lire la suite et fin de l’histoire, définitivement bien peu touchée par le sort de son héroïne.

En bref, Gone with the wind est une adaptation BD dense et foisonnante dans le décor comme dans l’intrigue qui réussit, je le crois, le pari d’adapter une œuvre majeure de la littérature. Malheureusement, comme je n’apprécie pas vraiment le roman d’origine, et encore moins son héroïne, il m’est difficile d’être tout à fait conquise. Je salue néanmoins le travail titanesque de Pierre Alary ici. Nul doute qu’il ravira les fans du roman.

« Scarlett O'Hara, jeune fille d'une riche famille d'Atlanta au sud des Etats-Unis, connait une vie douce et confortable, menée au rythme de son caractère déterminé et audacieux. Lorsque la Guerre de Sécession débute en 1861, ses repères s'écroulent, et de lourdes responsabilités s'imposent à elle. Au milieu de la destruction et de la mort, Scarlett rêve pourtant d'amour : celui pour Ashley Wilkes, pourtant promis à une autre, et qu'elle porte secrètement depuis toujours. L'arrivée de Rhett Butler, homme sans foi ni loi, aussi immoral que séduisant, rebattra de nouveau les cartes dont la jeune fille dispose pour atteindre le bonheur. Avec son adaptation du célèbre roman de Margaret Mitchell et la formidable mise en images de ses personnages cultes, Pierre Alary signe une œuvre prenante et magnifie ce récit intemporel. »

(Illustration de couverture & extrait: © Pierre Alary

[Diversité : ps noir.e]

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