Les naufragés de l'institut Fermi

Le 17 mars prochain, les éditions Critic publient un nouvel auteur comme ils l’avaient fait l’an dernier avec Jean Krug. Les naufragés de l’institut Fermi est le premier roman d’André David et propose une idée originale basée sur le paradoxe de Fermi et deux systèmes de voyages temporels différents. Curieuse de découvrir cette nouvelle plume qui n’a pas choisi la facilité pour sa première intrigue, je m’y suis plongée en avance et voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Un grand merci aux éditions Critic pour cet envoi en avant-première.]

« On met des coups de pinceau, un peu au hasard. On affine un visage, on dessine un nuage, et d’autres détails insignifiants. Rien qui change vraiment le tableau en tant que tel. L’humanité va dans le mur, et au lieu d’essayer d’infléchir l’avenir, on se contente de réparer ce qui a été commis.»

Un premier roman ambitieux et complexe

C’est une de ces critiques que j’ai un peu de mal à écrire. Si vous avez suivi un peu les réseaux, vous savez que j’ai rencontré quelques difficultés avec ce roman et que j’ai longtemps envisagé de le laisser tomber. Mais ce n’est pas parce que le roman est mauvais, loin de là. Si cela a coincé c’est en partie dû au contexte actuel qui rend certaines thématiques anxiogènes pour moi (beaucoup de guerres et de batailles) et la concentration plus difficile. Mais aussi en partie parce que c’est un roman qui n’entre pas dans mes goûts personnels. Aussi, cette critique va forcément être mitigée mais très subjective et je ne voudrai pas qu’elle vous empêche de le découvrir. En effet, j’ai aussi pleinement conscience de l’ambition folle de ce premier roman, de sa densité et des qualités qui feront qu’il plaira beaucoup plus à d’autres. L’intrigue, inspirée du paradoxe de Fermi (questionnements sur la possibilité d’une rencontre de vies extraterrestres pour faire court) est dense et parfois un peu pointue lorsqu’elle propose des analyses mathématiques que je n’aurai jamais saisi, même avec ma concentration au maximum. Les amateurs de hard-SF seront sans doute plus conquis par cet aspect du roman que moi. Cela dit, ça ne constitue pas l’essentiel de l’histoire. On a ici un roman d’espionnage sur différentes périodes, réfléchissant aux impacts d’actes dans l’histoire de l’humanité par l’opposition de deux factions qui se combattent dans les trames du temps. Les manières de voyager dans le temps sont originales et différentes et leurs impacts possibles entraînent une intrigue sous haute tension qui peut captiver.

« Eux, les Dériveurs, nous, les Voyageurs, cela peut sembler assez manichéen. Il y a les bons, les méchants. Ceux qui savent, ceux qui ignorent. Tout ça, c’est bon pour nourrir la grande majorité de ceux qui vivent ici. Qu’ils soient créés ici ou attirés par votre mirage, comme moi. On se satisfait bien d’être dans le camp des bons. Et de combattre le camp du mal. Je ne crois pas que ce soit si simple.»

Différentes thématiques et un rythme qui peut désarçonner

Avec cette histoire de batailles sur la ligne du temps, l’auteur propose plusieurs réflexions intéressantes qui s’incarnent dans le rôle et les personnalités des personnages. On y interroge par exemple ce qui constitue l’humanité et l’identité unique avec les Voyageurs, clones esclaves du futur, notamment le personnage de Gwen qui rêve d’exister en tant que personne et non en tant que doublon de milliers d’autres. On questionne également la capacité de l’espèce humaine à survivre tout en ne détruisant pas complètement la biodiversité dans un scénario de futur glaçant. J’ai également apprécié l’écriture des personnages offrant de belles réflexions sur l’asservissement des humains dans nos sociétés ou encore la futilité des combats. Cela dit, malgré tous ces points positifs, j’ai grandement peiné à la lecture parce que l’ensemble est assez lent et surtout parfois un peu confus. Ellipses, relations entre les personnages qui manquent parfois de construction, le roman m’a rapidement perdu et les passages plus pointus m’ont carrément découragée. J’ai finalement réussi à parvenir au bout, non sans peine, mais je n’ai jamais réussi à m’y impliquer émotionnellement et, surtout, je n’ai toujours pas compris l’ensemble de l’intrigue malgré les 560 pages lues. J’en ressors donc déçue, bien qu’admirative de l’ambition de cette nouvelle plume qui, je l’espère, séduira les autres lecteurs et lectrices plus que moi.

En bref, Les naufragés de l’institut Fermi est un roman un peu complexe qui propose un scénario d’espionnage et de batailles sur la ligne du temps ambitieux et original. Porteur de réflexions intéressantes portées par des personnages bien écrits, c’est un roman qui a d’indéniables qualités. Cependant, par son côté pointu, son rythme assez lent et sa narration parfois confuse, c’est aussi un roman qui m’a ennuyé et avec lequel j’ai vraiment peiné pour parvenir au bout sans vraiment en ressentir la satisfaction escomptée. Mais c’est un ressenti très personnel, ce roman n’étant pas pour moi et tombant, en plus, dans une mauvaise période.

« Île de Bréhat, XXIVe siècle. L’Institut Fermi envoie ses agents au XIXe siècle afin d’influencer le cours de l’histoire pour résoudre le grand paradoxe de Fermi et ainsi éviter que l’humanité ne s’autodétruise. Louis, Ángel et Casimir sont des Dériveurs, choisis par les moires de l’Institut car ils présentent le même patrimoine génétique qu’un homme du XIXe siècle. En effet, en Dérive, ce n’est pas l’individu mais sa conscience qui voyage, entre deux corps génétiquement identiques.

Encore plus loin dans le futur, dans ce qu’il reste de l’Institut Fermi en ruines, une jeune clone, Gwenn, réussit à rejoindre un groupe clandestin qui cherche à tout prix à s’opposer aux Dériveurs. Pour cela, eux voyagent, physiquement, dans le temps : ce sont les Voyageurs.

L’affrontement imprévu de Louis et de Gwenn va bouleverser ce que chacun croyait savoir. Quel est le véritable plan des moires ? Qui peut se targuer de maîtriser le cours du temps ? Et surtout, l’humanité peut-elle être sauvée d’elle-même ? »

(Illustration de couverture: © Niko Henrichon)

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[Lecture n°20/108 (pour l'échelon 5 Synchronisation avec la page) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 10 de Ma lecturothèque + thème bimestriel « Ecologie, renouveau, renaissance »]