Les chimères de Vénus. Volume 1

Pour celleux qui aiment le Château des étoiles d’Alex Alice, les éditions Rue de Sèvres ont publié le premier tome d’une nouvelle trilogie dans le même univers le 24 mars dernier: Les chimères de Vénus. Cette nouvelle BD n’est pas du même auteur que le Château des étoiles mais écrite par Alain Aryoles et illustrée par Etienne Jung. Et voici ce que j’en ai pensé…

[NB: Je remercie les éditions Rue de Sèvres pour cet envoi.]

Une intrigue pleine de promesses

En parallèle des combats pour Mars et la Lune développés par Alex Alice dans Le Château des étoiles, direction ici Vénus et les manigances des Empires anglais et français qui se partagent cette planète au climat difficile et peuplée de dinosaures. Un vrai Jurassic park de l’espace où se mêlent les bagnes de Napoléon et les projets de cités balnéaires exotiques et tropicales. Si l’idée est intéressante, elle manque un peu de développement selon moi. On s’éloigne ici assez franchement du côté scientifique et fouillé de la série d’origine avec laquelle la comparaison est inévitable. C’est plus brutal comme entrée en matière, peut-être même flou si on n’a jamais lu Le château des étoiles malgré une histoire indépendante et moins Jules Vernienne dans l’écriture. Cela reste néanmoins intéressant côté intrigue grâce à un duo d’héroïnes assez intéressant (même si j’avoue préférer le franc-parler de la camériste à la jeune femme amoureuse) qui font la part belle au girl power dans une société fondamentalement patriarcale. L’histoire s’installe seulement dans ce premier tome et fait la promesse de nombreuses péripéties et révélations dans ses suites, ce qui nous pousse irrémédiablement à poursuivre la découverte. C’est aussi très dynamique, ne perdant pas de temps dans les explications très poussées et enchaînant les évènements assez rapidement. C’est donc un bon premier tome qui souffre seulement de la comparaison avec l’excellentissime Château des étoiles.

« - Vous, la bonne, raisonnez-la!

- La raisonner? On dirait que vous avez pas encore compris à qui vous aviez affaire! Mon Hélène est amoureuse… Rien ne l’arrêtera.

- Tout ceci est ridicule! En vertu des lois naturelles, c’est à l’homme qu’incombe…

- On est sur Vénus… La planète des bonnes femmes… Ici, c’est pas vous qui faîtes la loi! »

Un style graphique différent aussi    

Graphiquement aussi, il est difficile de ne pas chercher la comparaison. Si on oublie l’œuvre d’Alex Alice, Etienne Jung nous offre ici un album de qualité, aux traits simples mais aux décors fouillés, avec des personnages charismatiques aux expressions très marquées. Vénus se révèle comme une jungle tropicale étonnante dans laquelle voyage une héroïne qui transperce la BD de sa beauté. Très élégant, le dessin est mis en couleurs sur des tons assez vifs ce qui rend la lecture très confortable. Mais évidemment, dans mon cœur, Alex Alice et ses merveilles artistiques m’ont manqué. Je suis plus friande du côté épuré et envoûtant du Château des étoiles qui me met des étoiles plein les yeux et des rêves plein la tête. C’est ici, en comparaison, beaucoup plus brut, moins onirique, et je dois dire que ça me parle beaucoup moins comme style bien qu’il entre en parfaite adéquation avec une intrigue, elle aussi, plus brute et directe. De qualité indéniable, le style d’Etienne pâtit de la comparaison inévitable malheureusement.

En bref, Les Chimères de Vénus est un très bon premier tome, à l’univers enchanteur et au graphisme de qualité, qui nous propose une histoire pleine de promesses où les femmes ont la part belle. Cela permet aux amoureux du Château des étoiles d’explorer un peu plus son univers bien que la comparaison soit parfois difficile à tenir tant Alex Alice réalise un chef d’œuvre avec cette série.

« 1874, les vaisseaux des puissances terrestres s’élancent dans l’éther pour conquérir les planètes du système solaire. L’actrice Hélène Martin débarque sur Vénus, monde sauvage couvert de brume, à la recherche de son fiancé, un poète évadé des bagnes de Napoléon III. Poursuivie par l’inquiétant duc de Chouvigny, entraînée dans la rivalité des empires, Hélène s’aventurera à travers des jungles infestées de dinosaures et sur des océans déchaînés jusqu’aux confins de l’astre, où se dressent les vestiges d’une mystérieuse civilisation.»

(Illustration de couverture & extraits: © Etienne Jung)

[Diversité: ps asiatique]

Classisme, Mort, Sang

[Lecture n°30/72 (pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 9 de Ma lecturothèque]