Un gars et son chien à la fin du monde

Publié en VO en 2019, Un gars et son chien à la fin du monde est le premier roman de l’auteur écossais C.A. Fletcher traduit en français par Pierre-Paul Durastanti pour sa publication en 2020 dans la collection Nouveaux Millénaires des éditions J’ai Lu. Un titre qui me faisait très envie au point de rompre mes promesses de zéro achat pour sa comparaison aussi dangereuse qu’attirante avec Station eleven (ou un de mes romans favoris de tous les temps!). Et voici ce que j’en ai pensé…

« La solitude, c’est une forme de folie.

Tout comme l’espoir.»

De l’émotion pure

Si vous cherchez du post-apocalyptique qui évite l’écueil des zombies, l’écueil même de la violence exacerbée et qui vous propose plutôt un road novel initiatique plein de philosophie et d’émotion dans un monde quasi désert, vous êtes au bon endroit. J’ai été conquise par ce roman qui nous propose un aventure qui part d’un véritable cri d’amour pour les animaux. Tout celles et ceux qui aiment leur bêtes comme des membres de la famille comprendront ce qui pousse Griz à tout quitter pour retrouver le chien qui lui a été volé. Et une fois que votre empathie a été touchée, le roman vous emporte dans un joli maelström d’émotions: de la tendresse pour Griz et ses failles, de l’émerveillement comme celui de Griz face à toutes les merveilles de la nature et des vestiges de notre présent, de la peine parfois mais surtout un farouche espoir. J’ai été profondément touchée par cette histoire qui m’a autant transportée qu’apaisée, ce qui est bien rare dans le registre post-apo, et ce alors même que tout ce qui s'y passe n'est pas tendre. Parce qu’il y a dans ce premier roman une âme et une ambiance très immersive, le tout dans les décors grandioses et très visuels de l’Écosse envahie par la nature. C’est vraiment très beau et c’est un coup de coeur.

« Peut-être que chacun se fait justice, mais si tu me voles mon chien, attends-toi pour le moins à ce que je te pourchasse. Si on néglige sa loyauté envers ce qu’on aime, quel intérêt. Autant perdre la mémoire. Autant ne plus être humain. Autant mourir, même si on continue de respirer.»

Une belle leçon de vie dans un monde en ruines

Ce qui me charme particulièrement dans ce roman, outre la plume et le but de cette quête, ce sont aussi les messages que l’auteur distille dans le récit à notre attention. Griz s’adressant à la photographie d’un garçon de notre époque, il l’interpelle et, par extension, interpelle donc celui ou celle qui lira l’ouvrage. Par cet effet, l’auteur nous donne des leçons sur notre époque de surconsommation, sur notre traitement des animaux (par exemple dans les zoos) ou encore sur toute ces richesses et merveilles qui nous entourent mais que nous ne remarquons même plus. Griz nous rappelle à l’essentiel avec poésie et simplicité. Je chérirai précieusement la prochaine fois que je dégusterais une pêche par exemple et je vous écris cet avis les larmes aux yeux en écoutant L'ouverture de Tannhäuser. Le regard émerveillé par la découverte du narrateur est magnifique et repeint notre monde avec énormément de beauté. C’est aussi un cri d’amour pour la littérature de l’imaginaire, notamment d’anticipation qui teinte le récit d’une nostalgie douce et triste à la fois. Alors oui, vous pourrez trouvez ça lent si l’émotion ne vous a pas conquis dès le départ, vous souhaitiez peut-être quelque chose de moins doux en vous attaquant à un post-apo. Mais j’y ai personnellement trouvé tout ce que j’aime et je reviendrai probablement me réfugier de temps en temps au creux des pages du récit de Griz, bien plus surprenant qu’il en a l’air d’ailleurs! Mais là, je ne peux rien vous en dire, il faudra découvrir ça par vous-mêmes!

« Lire, c’est une façon de survivre. Ça aide de savoir d’où on vient, comment on est arrivé là. Et puis, même si je n’ai jamais rien connu d’autre que ces îles basses et désertes, un livre inconnu que j’ouvre, c’est une porte qui me permet de voyager loin dans l’espace et le temps.»

En bref, Un gars et son chien à la fin du monde est un roman post-apo magnifique, entre roman initiatique et nature writing. C’est un livre terriblement touchant pour celleux qui aiment leur animaux, une belle leçon de vie, une ode d’amour à la nature et un appel à l’émerveillement constant. C.A. Fletcher, pour un premier roman nous offre un petit bijou de beauté au coeur de notre monde en ruines. Coup de coeur.

« Griz vit avec sa famille et ses chiens sur une île au large de l’Écosse. Ses premiers voisins sont à trois îles de là, et les suivants… si loin que ce ne sont sans doute plus des voisins. En fait, si Griz additionnait toutes les personnes croisées au cours de son existence, on pourrait à peine former une équipe de football. Car, une génération après la Castration, la Terre compte moins de dix mille habitants. Et pas beaucoup de chiens.

Alors, quand on lui vole un des siens, son sang ne fait qu’un tour.

Ainsi débute l’épopée de Griz au cœur des vestiges de notre civilisation laissée à l’abandon, avec pour seuls compagnons son autre chien, son journal et la nostalgie d’un monde entraperçu au travers des livres trouvés sur son chemin.»

(Couverture: création Studio J’ai Lu d’après © Shutterstock / Maria Beli, AVN Photo Lab, Nadia Grapes, Libor Píška, Oceloti)

> Lire un extrait < (© J’ai Lu)

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Alcool, Cicatrice, Cruauté animale, Deuil, Mort, Sang, Suicide 

[Lecture n°9/72 (pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 9 de Ma lecturothèque]