Colorful

Colorful est un film d’animation de Keiichi Hara sorti à l’été 2010 et librement adapté du roman éponyme de l’autrice Eto Mori publié en 2003 (et jamais traduit en français si je ne m’abuse). Réalisation du Studio Sunrise diffusé en Europe par Kazé, Colorful a remporté la mention spéciale et le prix du public au Festival du film d’animation d’Annecy en 2011. Et s’il ne fait pas parti des titres les plus connus de l’animation japonaise en Europe, il n’en reste pas moins, à ce jour, un de mes favoris et je vais vous expliquer pourquoi.

Une histoire dramatique sans mièvrerie aucune

Tout commence aux portes du royaume des morts lorsqu’un esprit se voit confier une seconde chance et est renvoyé sur Terre pour intégrer le corps d’un adolescent venant d’attenter à ses jours. Il va non seulement devoir s’intégrer dans cette nouvelle identité et, bien entendu, essayer de comprendre ce qui a bien pu conduire le jeune Makoto à ce geste ultime. Colorful est un donc anime qui n’est pas à mettre devant les yeux les plus jeunes puisqu’il aborde, outre la question du suicide, des sujets très matures comme la prostitution ou l’adultère. Mais bien que profondément dramatique et très émouvant, c’est aussi et surtout un film d’animation plein de beauté et de justesse. Malgré ces sujets, Colorful ne tombe jamais dans l’écueil de la mièvrerie. Les faits sont les faits, les évènements ne sont jamais exagérés ni édulcorés, tout y est très juste et l’émotion qui s’en dégage et nous percute de plein fouet n’en est que plus puissante. Il y a dans ce film, tout le talent de l’animation japonaise à parler de l’adolescence sans la moquer ni minimiser les épreuves que certain.e.s doivent traverser. Une belle leçon de vie se dégage de cette histoire, une leçon qui, certes, s’adresse de prime abord aux adolescents mais peut faire aussi beaucoup de bien à la majorité des adultes, surtout dans une année aussi difficile à supporter que celle-ci.

Le retour à l’essentiel dans un écrin élégant

L’intrigue de Colorful met en avant tout ce qui rend la vie plus belle sans pour autant tomber dans le piège de la niaiserie. Le film prône en effet le retour à l’essentiel, aux valeurs simples et humaines de l’amitié et de la famille, aux plaisirs ordinaires qu’il est bon de savourer pour contrebalancer les gifles que nous collent la vie de tous les jours et le monde qui nous entoure. Ode à l’épicurisme, Colorful ne minimise pourtant pas les souffrances endurées par les personnages, souffrances ordinaires mais non moins pernicieuses qui parfois, comme pour Makoto, conduise à l’irrémédiable. Côté animation, je craque personnellement pour les décors de ce film. Les paysages de nature verdoyante et envoûtante ressemblent à des peintures impressionnistes contrebalancées par des paysages urbains très réalistes. Les traits sont épurés, élégants et les choix de colorisation et de lumière appuient l’émotion. Une véritable oeuvre d’art dans laquelle évoluent des personnages aux émotions très justes qui vont venir percuter le spectateur en plein coeur.

En bref, Colorful est certainement dans mon top 5 de l’animation japonaise (et ce n’est pas peu dire!). Très émouvante, l’histoire ne tombe jamais dans la mièvrerie et nous percute en plein fouet par sa justesse et son propos prônant les valeurs simples.

« Un esprit gagne une deuxième chance de vivre à condition d’apprendre de ses erreurs. Il renaît dans le corps de Makoto, un élève de 3ème qui vient de mettre fin à ses jours. L’esprit doit endurer la vie quotidienne de cet adolescent mal dans sa peau. Avançant à tâtons, s’efforçant de ne pas reproduire les fautes de Makoto, il va finalement découvrir une vérité qui va bouleverser son existence.»

Bande-annonce (© CinéCoulisses.fr):