Moi, Peter Pan

En 2017, Michael Roch (de la chaîne La Brigade du livre) a publié chez les éditions Mü le roman Moi, Peter Pan qui a rencontré un beau petit succès. Déjà intriguée, c’est avec sa sortie en poche chez Folio SF, illustrée par Aurélien Police et sous les vifs conseils d’Uranie sur son blog, que je me suis décidée à me procurer cet ouvrage lors des Imaginales. Et voici ce que j’en ai pensé…

«Un être peut n’avoir fait que passer dans ta vie, il peut avoir marqué au tison l’envers de ta carcasse, l’important, ce n’est ni lui, ni toi. L’important, c’est cette toile tissée entre vos deux âmes, ce tableau immatériel sur lequel vous aurez peint tous vos échanges. L’important, c’est le lien.»

Un roman très atypique

Moi, Peter Pan n’est pas un roman classique. Constitué de chapitres qui sont autant de mini contes philosophiques et contemplatifs, il ne s’agit pas d’un récit où l’action se déroule d’un seul bloc mais bien d’un assemblage de différents tableaux pour former une grande fresque philosophique au Pays Imaginaire. Probablement déroutant pour certains, ce choix narratif fait selon moi toute l’originalité du récit et nous donne à voir, par ces moments de vie et des réflexions puissantes, une oeuvre riche en moins de 140 pages. L’originalité folle de ce roman contemplatif tient aussi de la revisite du monde imaginaire de J.M. Barrie. Avec un Peter Pan souvent rongé par ses bêtes de tristesse ou angoissé par le Destin de grandir, Michael Roch nous plonge dans toute la symbolique de l’oeuvre originale et y puise le matériau nécessaire à des leçons de vie éloquentes.

« Nous devons garder notre esprit à l’instant présent, le précieux trésor de nos vies, l’endroit d’où partent l’élan, l’envie, l’ambition, et les mille bonheurs qui en découlent. L’avenir n’arrivera jamais qu’un jour après l’autre.»

Un petit livre à savourer

Ne craignez pas l’aspect philosophique ou contemplatif du récit, chaque chapitre est en effet très court et n’engendre jamais d’ennui ni de sentiment de longueurs. Porté par une plume savoureuse et lumineuse, l’ensemble du roman peut alors se dévorer en un rien de temps. Mais il convient selon moi de faire durer le plaisir et de savourer la lecture, y compris par des pauses, qui nous permettent de mieux profiter de sa sagesse. J’ai malgré tout un regret: c’est trop court! J’aurai aimé encore plus profiter de cette poésie étonnante, de ce Pays Imaginaire finalement pas si éloigné de celui de Barrie et de cette écriture fort agréable. Une chose est sûre, je replongerai de temps en temps dedans pour une pause bienvenue. 

En bref, Moi, Peter Pan est un de ces romans inclassables qui nous transporte et nous donne à réfléchir sur le sens de la vie. Plein de poésie, bien écrit, c’est un petit ouvrage à savourer.

« Offrant une nouvelle vision du personnage, complémentaire et à la fois détachée de celle imaginée par James M. Barrie, Michael Roch revisite le mythe du garçon qui ne veut pas grandir.

Moi, Peter Pan est un roman contemplatif, onirique et d’une poésie saisissante à lire en empruntant le chemin vers la deuxième étoile à droite avant de filer tout droit jusqu’au matin... »

(Couverture: © Aurélien Police)

[Lecture n°30/36 (pour l'échelon 3) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 7 de Ma Lectorutothèque]