Celle qui a tous les dons

Celle qui a tous les dons de M.R. Carey est paru pour la première fois en 2013 chez Orbit puis en grand format en français chez L’Atalante en 2014. Adapté en film par Colm McCarthy en 2016, il est paru en collection Livre de poche cette année et c’est dans ce format que je l’ai découvert. C’est après la critique alléchante sur le blog Le chat du cheshire que j’avais noté ce titre, et voici ce que j’en ai pensé…

« -Tout ce qui ressemble à un être humain n’en est pas forcément un, explique-t-il.

- Exact, approuve Mlle Justineau. Sur ce point-là, je vous suis tout à fait.»

Un post-apocalyptique qui présente de belles originalités

Je vais essayer de vous en révéler le moins possible, car le plaisir de découverte sur l’intrigue me semble très important à privilégier ici, mais sachez que Celle qui a tous les dons est un roman se déroulant dans une Angleterre post-apocalyptique. Mais premier élément différent de ce que j’ai l’habitude de lire, l’action se situe au départ dans une sorte de base isolée dans un univers en reconstruction. Deuxième élément novateur (et vraiment essentiel à mon plaisir de lecture), nous allons y suivre Mélanie et ses camarades de classe un peu hors-du-commun, ou dirons-nous, qui ne manquent pas de mordant. J’ai beaucoup aimé cette idée et je me suis évidemment tout de suite attaché au personnage de cette enfant de 10 ans ce qui a apporté un surplus d’émotion, de tension et d’interêt à l’intrigue qui démarre d’ailleurs assez intensément. Si les codes du post-apocalyptiques ne sont pas complètement renouvelés, M.R. Carey apporte tout de même quelques éléments d’intrigue vraiment originaux et propose, notamment avec son final, des rebondissements assez surprenants. C’était un vrai plaisir de découvrir cet univers et j’apprécie énormément les réflexions qui y sont proposés sur la nature humaine, ainsi que l’ambiance basculant entre désespoir, émotion et coups de chance.

« Elle se débat contre une bête sauvage, et cette bête, c’est elle.

Donc elle sait qu’elle va perdre.»

Mais c’est un peu long…

Alors que le coup de coeur semblait se profiler dans les 150 premières pages, l’intrigue s’enlise à mon sens des pages 200 à 400 environ… On retombe alors dans des schémas assez classiques du post-apocalyptique zombie et l’intrigue, malgré quelques moments intenses, peine à évoluer et crée des longueurs. J’ai trouvé la gestion du rythme assez inégale dans le récit, et j’ai même eu envie de mettre cette lecture en pause malgré mon enthousiasme initial. Heureusement, la fin remonte le niveau et nous propose à nouveau quelque chose de très différent des lectures habituelles du genre. M.R. Carey propose même des idées intéressantes sur la survie et l’avenir de l’humanité que je n’avais pas vu venir. Je regrette également que beaucoup de réactions et changements de comportements des personnages ne m’ont pas paru assez justifiés. Certains choix m’ont paru un peu abrupts, peut-être parce que leur personnalité n’a pas été assez creusée. Ce n’est pas le cas pour tous, et certains sont vraiment bien travaillés, ni blanc ni noir. Mais ça restait parfois dérangeant. Sachez enfin que si ce livre a une suite, Celle qui a tous les dons se suffit à lui-même et que cette suite, d’après le résumé, se déroule soit avant les événements de ce titre, soit en parallèle et qu’elle apporte alors certainement des réponses aux questions qui restent ici en suspens. 

En bref, Celle qui a tous les dons n’aura pas été le coup de coeur espéré, mais j’ai apprécié les idées originales qui y sont proposées et j’ai tout de même bien envie de découvrir la « suite » pour voir si elle répond à des questions que je me pose encore.

« Chaque matin, Melanie attend dans sa cellule qu'on l'emmène en cours. Quand on vient la chercher, le sergent Parks garde son arme braquée sur elle pendant que deux gardes la sanglent sur le fauteuil roulant. Elle dit en plaisantant qu'elle ne les mordra pas. Mais ça ne les fait pas rire.

Melanie est une petite fille très particulière... »

(Illustration de couverture: © Studio LGF)

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