Le Garçon au pyjama rayé

Adaptation du livre éponyme de John Boyne (paru en 2006), Le Garçon au pyjama rayé a été réalisé par Mark Herman (Newcastle Boys, Les Virtuoses), réalisateur peu prolifique et relativement méconnu. 

En tout innocence… L’histoire qui nous ait conté par John Boyne et retranscrite à l’écran par Herman est la vision d’un enfant sur l’Histoire. Et c’est ce qui en fait tout l’intérêt. Des films sur la Seconde Guerre Mondiale il y en a des tas (et ce n’est pas forcément négatif, devoir de mémoire, tout ça). Mais, souvent, ils prennent le parti pris de nous conter l’horreur avec un regard adulte. Ici, ce n’est pas tout à fait le cas. Et c’est assez troublant puisque, pour une fois, on ne nous plonge pas juste dans la violence mais on l’interroge, comme le ferait tout enfant (à ce propos, il existe le livre Auschwitz expliqué à ma fille d’A. Wierviorka). Les sujets tabous des adultes sont ici exposés naturellement par le regard de Bruno, 8 ans (interprété par Asa Butterfield jouant aussi dans Hugo Cabret) qui cherche à comprendre ce qu’il voit.

Ce qui est intéressant, et d’autant plus original, c’est que le regard qui se porte sur cette période sombre de notre histoire est celui d’un enfant allemand. L’enfant de l’homme qui dirige Auschwitz et qui veut comprendre le monde plutôt que d’ingérer tout ce que l’Allemagne nazie cherche à lui inculquer. Le regard est pur, les moments de rencontre touchants, que ce soit avec un vieil homme ou avec cet enfant en pyjama. Du coup, nous regardons ce film avec tendresse, voir même une certaine douceur assez paradoxale.

[SPOILER ALERT] J’ai été assez bouleversé lorsque, finalement, la réalité rattrape le spectateur. Parce que l’innocence ne peut être que déchirée dans ce genre de guerre et c’est la leçon qu’il faut en tirer. [FIN DU SPOIL]

La seule chose qui m’a un peu gêné, c’est ma difficulté à adhérer au personnage du père, dirigeant le camp, puisqu’il est interprété par David Thewlis (Harry Potter, The Lady), qui, bien que jouant parfaitement, ne peut pas me faire oublier son rôle de professeur Lupin, profondément bon. 

En bref, Le Garçon au pyjama rayé est, comme son titre l’indique, le moyen de voir la Seconde Guerre Mondiale avec l’innocence de l’enfant. C’est là tout l’intérêt du film, il n’y a rien à en dire de plus.

Bande-annonce:

"Seconde Guerre mondiale. Bruno a tout juste 9 ans lorsque son père, un officier nazi remarqué par le Führer, se voit confier le commandement du camp de concentration polonais d'Auschwitz. Le petit garçon n'apprécie guère de devoir quitter la belle et grande maison de Berlin pour se retrouver dans une demeure isolée et triste. De sa chambre, il aperçoit des hommes, des femmes et des enfants tous vêtus de pyjamas rayés. Personne ne lui explique qui ils sont, mais l'innocence aidant, il va se lier d'amitié avec un enfant juif..."