Harvey Milk

En 2008, à la veille des 30 ans de la mort d’Harvey Milk, Gus Van Sant (Restless, Will hunting) sortait au cinéma un biopic concentré sur les huit dernières années de vie et les actions fortes de cet activiste homosexuel affirmé, qui fut élut publiquement au rôle de superviseur de la ville de San Francisco et contribua à faire entendre la voix d’une minorité opprimée. 

Epatant, poignant, vrai. Gus Van Sant est pour moi un réalisateur de génie. Après des films qualifiés d’expérimentaux, comme le géniallissime Elephant (Palme d’or à Cannes), il signe avec Harvey Milk un long-métrage plus classique mais sans pour autant rentrer complètement dans les rangs. Plus qu’un film, ce long-métrage a les allures d’un documentaire et a le force d’un témoignage. Cela est du, en partie, au fait qu’il s’est basé sur le documentaire de Robert Epstein intitulé The Times of Harvey Milk, mais aussi à le judicieuse juxtaposition des images du film avec des images d’époque. L’ambiance elle-même plongera directement le spectateur dans les années 1970, sans cliché, avec justesse. Gus Van Sant semble avoir un don pour ce qui est de retranscrire un sentiment par l’image, une époque et une ambiance à travers des plans et des lumières réfléchis. Notons aussi l’intelligence, selon moi, d’annoncer dès les premières minutes du film, la fin tragique qui attend Milk. Ce long-métrage n’est pas là pour créer un suspens, il est là pour apporter un témoignage et un hommage. 

Pour Harvey Milk, ce qui frappe également c’est le scénario magistralement écrit par Dustin Lance Black (J.Edgar, Virginia). Bien sur, l’histoire en elle-même n’est qu’issue de la véritable existence de Mr Milk mais Lance Black a réussit à la mettre en lumière avec brio et il aura d’ailleurs reçu un Oscar pour cela (en plus d’autres prix). Tout dans ce long-métrage semble bien choisi parce que niveau acting il n’y a rien à redire non plus. Sean Penn (This must be the place, Mystic river) est bouleversant et aura grandement mérité l’Oscar du meilleur acteur cette année-là. 

Alors forcément, avec tant de choses positives, ce film aurait difficilement pu être mauvais. Avec en plus une BO signé Danny Elfman, on atteint la merveille. Selon moi, Harvey Milk n’est pas le meilleur film de Gus Van Sant; surtout si on le compare à Elephant pour lequel il semble d’ailleurs faire un clin d’oeil avec une fin d’une intensité rare. Cependant, ce film reste un très bel hommage à un homme qui a lutté, peut importe les risques, pour ce en quoi il croyait, pour ceux qu’il voulait aider en leur redonnant de l’espoir. Et ces portraits de gens ordinaires qui osent l’extraordinaire pour une cause sont toujours captivants et épatants et montrent, malheureusement, que nos sociétés n’évoluent pas tant que ça et que le combat se prolonge encore, combat auquel un long-métrage peut contribuer.

En bref, j’ai beaucoup apprécié ce biopic, pour sa justesse, les nombreux talents réunis à sa réalisation mais surtout pour l’intérêt qu’il a en tant que témoin du combat d’un homme ordinaire pour que d'autres puissent obtenir le droit de vivre libres et égaux.

Bande-annonce:

"Le film retrace les huit dernières années de la vie d'Harvey Milk. Dans les années 70, il fut le premier homme politique américain ouvertement gay à être élu à des fonctions officielles, à San Francisco en Californie. Son combat pour la tolérance et l'intégration des communautés homosexuelles lui coûta la vie. Son action a changé les mentalités, et son engagement a changé l'histoire."