Cloud atlas

Adaptation du roman éponyme de David Mitchell (publié en France en 2004), Cloud Atlas prend le risque de présenter quelque chose de nouveau au cinéma. Sorti en octobre 2012 aux Etats-Unis ce n'est qu'en mars 2013 qu'il est sortit sur les écrans français.

Captivant, dérangeant, complexe. Cloud Atlas en surprendra plus d'un de part son aspect non linéaire, son scénario sur 6 époques qui s'entrecoupent sans lien apparent avant la fin et par son travail d'adaptation remarquable face à la difficulté qu'offrait le roman d'origine. Il n'a pas fallu moins de 3 réalisateurs pour réaliser ce film, les "frères" Wachowski pour 3 époques (le voyage maritime d'Adam Ewing en 1849, la révolte de Sonmi en 2144 et la vie de Zachry en 2321) et Tom Tykwer pour 3 autres (la vie du musicien R.Frobisher en 1936, celle de la journaliste Luisa Rey en 1973 et les aventures de Cavendish en 2012). Les acteurs (et quel casting!) eux-mêmes ont eu un sacré défi à relever: pas moins de 6 rôles par personnages principaux. 

Le jeu fonctionne par le biais decostumes et maquillages très travaillés. Quel plaisir de retrouver Hugo Weaving (l'agent Smith ou Elrond) en infirmière sadique ou encore Hugh Grant en personnages violents et sombres. Attention cependant à ne pas s'amuser à rechercher dans chaque époque qui joue qui, au risque de perdre le fil et de ne pas se laisser aller. Les petits détails qui feront le lien entre certains personnages de façon inconsciente seront de fait plus parlants que l'établissement du casting complet dans votre esprit.

Parlons du scénario. Refusant la logique linéaire mais poursuivant la complexité du roman, les réalisateurs ont pris un pari risqué. Boudés par les Oscars et ne recevant qu'une nomination pour la bande originale au Golden Globes (méritée), Cloud Atlas dérange les professionnels (d'où sa date de sortie décalée en France d'ailleurs). Malgré tout, le défi est tout de même relevé. En 3h de film, le spectateur voyage d'époques en époques, plongé dans 6 histoires à suivre en même temps mais sans lien apparent au départ. Malgré quelques dialogues creux, et un manque de réponse vite agaçant pour certains, le rythme reste soutenu, les minutes passent vite et le spectateur est emporté. Au fur et à mesure chaque histoire captive, chaque personnage touche et l'émotion finale est bel et bien présente. Pour apprécier ce long-métrage original, il faut se laisser aller, ne pas se fermer à la nouveauté et ne pas passer son temps à rechercher une réponse qui ne peut pas être unique. En effet, Cloud Atlas a une morale finale avec une apparence simpliste mais qui nous plongera ensuite dans des réflexions quasi-infinies. 

Troublant de par sa construction, de par l'utilisation d'acteurs aux multi-rôles et aussi de par son message, "Cloud Atlas" séduira complètement certains mais décevra les autres qui resteront mitigés par l'ensemble. Pour ma part, d'abord réticente par le manque de réponse, j'ai été capté par la dernière heure de film et c'est sur des larmes que je l'ai terminé. C'est en tout cas le genre de long-métrage qu'il me plairait de revoir, pour chercher encore plus les liens entre les époques et être surprise à nouveau par la qualité des transformations des acteurs. Les 6 récits n'en forment rapidement plus qu'un, traitant de la condition humaine, de l'existence, de l'impact de nos actes sur les générations futures (voir même de la réincarnation). Tous ces thèmes ont déjà été traités au cinéma mais jamais de cette manière aussi complexe et en même temps aussi parlante. Magique!

Bande-annonce:

"À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié."