Vertèbres

Vertèbres est le tout dernier roman de Morgane Caussarieu. Paru aux éditions Au diable Vauvert, il fait parti de mes achats compulsifs réalisés aux Imaginales. Je n’avais encore jamais lu de livres de Morgane Caussarieu mais je n’ai pas résisté après avoir entendu l’autrice le présenter en table ronde. Voici donc ce que j’ai pensé de ce roman et de ma première découverte de la plume et de l’univers de son autrice…

« Avec Brahim et Jojo, on est à la frontière, en équilibre, on n’appartient à aucune case, enfin si, celle dont personne ne veut: Jojo, parce que quand il s’assoit, il prend deux sièges, Barhim, parce que comme il est arabe, il volera le travail de quelqu’un quand il sera grand, et moi, parce que je refuse d’écouter les Spice Girls et Ophélie Winter, ou de jouer au téléphone secret.»

Feels like 90’s spirit

Oh quel kiff! Je suis enfin assez vieille pour voir le droit d’avoir une injection full nostalgie dans un livre. L’intrigue prend en effet place en 1997 (j’avais donc 8 ans) et nous fait côtoyer des gamins de 9/10 ans dont la vie quotidienne est ponctuée de tous ces détails qui font écho à mes souvenirs. Tamagotchi, Minikeums, carte Dragon Ball et pubs pour les Pitch parsèment le récit d’une bonne ambiance 90’s qui fait un bien fou. Non seulement ça fait écho à nos propres souvenirs, mais c’est aussi un excellent moyen de nous instaurer des personnages d’enfants innocents qui se retrouvent dans un vrai scénario Chair de poule. Vertèbres est ainsi plein de fraîcheur, celle d’une enfance pas encore totalement foutue en l’air (mais sacrément malmenée quand même), celle d’une bande de copains qu’on pourrait comparer au club de Ça ou de Stranger things et qui semblent un peu seuls mais unis face au reste du monde. Cela n’empêche pas de conserver l’ambiance horrifique du roman, en bon hommage aux oeuvres cultes du body horror, et de nous offrir une intrigue captivante et frissonnante très réussie.

« C’est comme si on t’avait fait une mauvaise blague. Tu as toujours cru que ton bébé était atteint d’une maladie rare qui finirait par se manifester, qui le rendrait unique, tu t’y es préparée mentalement. Mais rien ne se passe comme prévu. On t’a exaucée d’une bien étrange façon. Aucune maladie orpheline ne pourrait expliquer ça… C’est autre chose… Tu ne sais pas quoi… Comme une… métamorphose…»

'Cause this is thriller. Thriller night. And no-one's gonna save you from the beast about to strike

Outre le fix de nostalgie et l’innocence de l’enfance, Vertèbres et bel et bien un roman horrifique qui redore les lettres de noblesse d’une figure mythique de l’horreur en lui donnant toute la place pour s’installer et faire monter crescendo la terreur. Mais les monstres ne sont pas toujours là où on le pense, et la métamorphose n’est pas toujours unique. C’est un roman qui parle de passage à l’adolescence, d’acceptation de soi-même, de transidentité aussi. C’est un roman horrifique qui nous parle finalement avant tout des changements qui vont bouleverser la vie de gamins qui font face à la monstruosité d’adultes en plein dysfonctionnement. Et j’ai trouvé ça grandiose. Parce que l’ambiance est très réussie, parce que la figure du monstre est respectée, mais aussi et surtout parce que les personnages sont admirablement bien écrits. L’opposition des points de vue, entre Sasha, son énergie et son regard d’enfant fasciné des changements de son ami et Marylou, la mère oppressante et malade qui nie tout, est particulièrement réussie! On dévore ce roman d’une seule bouchée tant l’intrigue nous captive grâce à la plume efficace de Morgane Caussarieu. En tout cas, c’est certaine, ce ne sera pas le dernier roman que je lis de Morgane Caussarieu: je suis conquise!

En bref, Vertèbres est une lecture coup de coeur. Un pur roman horrifique au feeling nostalgique qui respire bon les années 90 et nous évoque les oeuvres mythiques de body horror comme celles qui nous parlent de gamins un peu paumés face aux monstres. C’est captivant, l’ambiance est très réussie et le traitement des métamorphoses et de l’opposition enfants/adultes dysfonctionnels sont très réussies. Un pur régal qui colle parfaitement à la période. 

« 1997. Petite station balnéaire des Landes. Jonathan, dix ans, vient d’être kidnappé. On le retrouve une semaine après sur une aire d’autoroute. Sa mère peine à le reconnaître : bien des choses ont changé en lui, la plus déroutante étant l’apparition d’une vertèbre supplémentaire… »

(Couverture: © Olivier Fontveille/offgraphisme.paris - Photographies: © istockphoto.com, © Gettyimages.com)

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[Diversité: pp trans, ps arabe, ps gros.se]

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