Un pont sur la brume

Prix Nebula, Hugo, Asimov’s et Grand prix de l’imaginaire, Un pont sur le brume est une novella de Kij Johnson publiée dans la collection Une Heure-Lumière des éditions Le Bélial’ en 2019. Encensé par la critique, c’est un titre qui me faisait très envie depuis ma découverte de la plume de l’autrice dans le hors-série UHL de 2020 avec la nouvelle Retour à N’dau. Ni une, ni deux, j’ai profité de l’opération HS de 2021 pour me le procurer et voici ce que j’en ai pensé…

« Je maudirai les étoiles et je tomberai en me battant. Mais ça aura quand même été merveilleux de traverser la brume.»

Subtilité et apaisement

Un peu à la frontière des genres, Un pont sur la brume est aussi une novella toute en subtilité qui raconte finalement bien peu d’évènements mais tisse en quelque sorte une fresque de la vie. Métaphorique, contemplatif parfois, c’est un récit tout en langueurs qui nous propose de nous immerger dans l’existence de Kit, étranger venu pour bâtir une prouesse d’ingénierie et d’architecture qui bouleversera l’existence de nombreuses personnes. C’est finalement l’humain qui est au centre de ce texte, les petites choses de la vie, la mort aussi et les changements. Peu d’évènements remarquables au final, une novella tout en apaisement dans un style à la fois accessible et envoûtant. Le parallèle entre la construction du pont et celui des ponts tendus entre les individus du récit manque peut-être d’originalité mais les réflexions sur la notion de liens ou de progrès restent intéressantes, d’autant plus dans cette ambiance brumeuse aussi mystérieuse et dangereuse que belle.

« - On ne sait jamais comment les choses nous changeront.

- Alors, c’est qu’on n’a pas assez attendu pour le découvrir.»

Mais peut-être un peu trop lent…

Alors que j’apprécie généralement les récits qui prennent leur temps, j’avoue avoir un peu peiné à la lecture de cette novella. Très lent, le rythme m’a fait ressentir cruellement ces 124 pages au point de piquer du nez à la lecture. Pourtant, j’ai bien saisi les qualités inhérentes au texte, j’ai apprécié les messages ou la sérénité qui s’en dégage. Mais je n’ai pas réussi à être suffisamment embarquée dans l’histoire, ni assez attachée aux personnages pour m’impliquer dans cette lecture. Bref, je me suis ennuyée et j’ai eu un sentiment assez proche de ma lecture du roman Un long voyage de Claire Duvivier. C’est malgré tout une belle lecture, sans fioritures, sans excès. Une ballade que je conseille de découvrir en connaissance de cause. C’est finalement comme la vie, un passage routinier fait de liens et de rencontres avec quelques soubresauts d’émotions, rien de plus, rien de moins.

En bref, à mon grand regret, je suis moyennement conquise par Un pont sur la brume. Le rythme très lent, l’absence d’évènements et le côté peu original de la métaphore principale m’ont ennuyée. Malgré tout, c’est indéniablement un beau texte, apaisant et, à bien des égards envoûtants. Les réflexions sur le progrès et sur les relations entre les humains en font une ballade pleine de subtilité qui mérite la découverte.  

« Kit Meinem d’Atyar est peut-être le plus doué des architectes de l’Empire. Peut-être… et tant mieux. Car il lui faudra convoquer toutes ses compétences, l’ensemble de son savoir pour mener à bien la plus fabuleuse qui soit, l’œuvre d’une vie : un pont sur le fleuve de brume qui de tout temps a coupé l’Empire en deux. Un ouvrage d’art de quatre cent mètres au-dessus de l’incommensurable, cette brume mortelle, insondable, corrosive et peuplée par les Géants, des créatures indicibles dont on ne sait qu’une chose : leur extrême dangerosité…

Par-delà le pont… l’abîme, et pour Kit une aventure humaine exceptionnelle. »

(Illustration de couverture: © Aurélien Police)

[Diversité: pp noir.e]

Alcool, Mort, Deuil

D’autres avis sur cette édition dans la blogosphère: Le syndrome Quickson, Herbefol, RSF blog, 233°C, De l’autre côté des livres, L’épaule d’Orion, Nevertwhere, Le chien critique, Chut…maman lit, Le bibliocosme, Lorhkan, Les lecture du Maki, Le culte d’Apophis, L’ours inculte, Albédo, Blog-O-livre, Les lectures de Shaya, Un bouquin sinon rien, Fourbis et têtologie, Au pays des cave trolls, Le monde d’Elhyandra, ...

[Lecture n°54/72 (pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 9 de Ma lecturothèque]