Mers mortes

J’avais repéré Mers mortes d’Aurélie Wellenstein dès l’annonce de sa sortie chez Scrineo pour deux raisons: une couverture démentielle d’Aurélien Police et un résumé promettant un récit de science-fantasy écologique autour du monde marin. Il ne m’en fallait pas plus. J’ai donc acheté ce roman à l’autrice lors de son passage à Trolls & Légendes et je n’ai pas pu attendre pour le lire, le faisant passer avant toutes mes autres lectures en attente. Avais-je raison de craquer?

« Sauvagement assassinés, les mers et les océans charriaient au creux de leurs vagues monstrueuses le souvenir de leur supplice, et à chaque fracas, chaque dégorgement d’écume dans le monde des humains, ils paraissaient hurler ‘vengeance!’.»

Un sujet fort, essentiel, puissamment traité

Mers mortes est certes un roman de science-fantasy (mêlant science-fiction et magie), il n’en reste pas moins ancré également dans notre réalité actuelle d’un point de vue écologique. Partant du massacre (n’ayons pas peur des mots) que nous en sommes actuellement en train de perpétrer, Aurélie Wellenstein a su créer une fiction passionnante et très imaginative qui permet de nous conscientiser à la protection des océans. A travers l’idée géniale de vagues fantômes venant se venger de l’homme, d’une part. Mais aussi, d’autre part, via le lien de l’exorciste avec ces animaux marins ectoplasmiques qui lui permet d’être témoin direct des massacres du passé, c’est-dire ceux d’aujourd’hui pour nous. Alors oui, certains (courts) passages sont durs, parce que l’autrice nous met dans la tête de l’animal que l’homme massacre. Mais ils sont d’une puissance folle qui les rend nécessaires. Je connaissais les faits, ils me révoltent déjà et je me bats contre eux, mais pour ceux qui ne savent pas, ou qui nient les choses, ces passages remettent en place et nous obligent à ne pas détourner le regard. Je ne vous cache pas que j’ai fondu en larmes parfois parce que c’est un sujet qui me bouleverse mais aussi parce que c’était bien fait. Ce cri d’amour pour la mer et ce qui y vit était magnifique. En plus, le tout se mêle sans peine à l’histoire haletante qu’elle a imaginé et donne à son univers richement imaginatif, un côté très réaliste et immersif.

« On lui arrachait les membres, on le découpait vivant. 

La gueule béante, il poussa un hurlement muet.

Seuls des rires lui répondirent. »

Une histoire passionnante

Dès les premières pages, Aurélie Wellenstein nous plonge dans son univers que nous visualisons aisément, et ce, dans toute sa richesse. Son écriture très agréable nous emporte  sans peine dans ce monde et ses marées hautes fantômes! Et l’histoire qu’elle nous y offre est passionnante. C’est un vrai récit d’aventures, haletant, plein de mystères, de doutes et d’espoir, qui se dévore rapidement. J’ai également aimé le rythme trépidant de cette histoire qui sait aussi s’offrir des respirations permettant de développer la psychologie des personnages et notre attachement pour eux. Chacun est en effet complexe, que ce soit les pirates, dont les révélations sur leurs histoires les rend profondément touchants et humains, ou Oural, qui ne va cesser d’évoluer au cours de son histoire. Mon coup de coeur va évidemment pour Bengale, qui, par son charisme et ses souffrances, a su me faire passer de la haine à la vénération. C’est un peu l’Albator des mers mortes et je l’ai adoré! L’histoire est, à mon sens, une belle épopée, crédible et cohérente (seul un passage m’a paru un peu étrange car trop décalé avec le reste et aura empêché le coup de coeur) et la fin, assez surprenante, est à mon sens parfaite bien qu’elle ne soit pas celle que j’avais envisagé. J’ai trouvé ce final d’une grande beauté et j’ai donc conclu cette formidable lecture sur une excellente note.

« On était trop paresseux, trop égoïstes. Dix milliards d’êtres humains qui dévorent les océans. Aucune limite à la croissance, l’humanité qui dépouille des millions d’espèces dans une expansion surréaliste. Et ne va pas croire qu’on ne savait pas ce qu’on faisait! »

En bref, Mers mortes est un excellent roman. L’histoire est passionnante, la psychologie des personnages est approfondie, l’univers très immersif et riche et l’aspect écologique puissant et essentiel. Je ne peux que vous le conseiller, que vous soyez adolescent ou adulte. Donc oui, j’avais raison de craquer et je me réjouis déjà de relire un livre d’Aurélie Wellenstein pour le PLIB!

« Les humains ont massacré les mers et les océans. L’eau s’est évaporée ; les animaux sont morts.

Quelques années plus tard, les mers et les océans reviennent. Ils déferlent sur le monde sous la forme de marées fantômes et déplacent des vagues de poissons spectraux, tous avides de vengeance. Les fantômes arrachent leurs âmes aux hommes et les dévorent. Bientôt, les humains eux aussi seront éteints… Leur dernier rempart face à la mort : les exorcistes.

Caste indispensable à l’humanité, les exorcistes sont bien entendu très convoités.

L’un d’eux, Oural, va se faire kidnapper par une bande de pirates qui navigue sur les mers mortes à bord d’un bateau fantôme.

Voilà notre héros embarqué de force dans une quête sanglante et obligé, tôt ou tard, de se salir les mains… »

(Illustration de couverture: © Aurélien Police)

> Lire un extrait < (© Scrineo)

- Finaliste du Prix Imaginales des Bibliothécaires 2020 -

[Lecture n°20/36 (pour l'échelon 3) pour le Challenge de Littérature de l'Imaginaire édition 7 de Ma Lectorutothèque]

Livre faisant parti des 20 sélectionnés pour le Prix Littéraire de l'Imaginaire Booktubers app #PLIB2020 #ISBN9782367406602 #ISBN:9782367406602