Les Antres. Tome 1, L’homme sans poids

Paru en février aux éditions Delcourt, dans la collection Terres de légende, L’homme sans poids est le tome 1 d’une série bande-dessinée imaginée, écrite et dessinée par Éric Puybaret et intitulée Les Antres. Je connaissais et admirais déjà l’auteur pour ses albums jeunesse d’une poésie folle (comme Le jouet des vents) et j’ai tout de suite eu envie de découvrir son travail en BD avec cette histoire curieuse qui me faisait très envie. Et voici donc ce que j’en ai pensé…

Un récit loufoque

A la lecture de L’homme sans poids, on se retrouve vite désarçonné par une intrigue qui file comme une bourrasque et nous emporte, de-ci, de-là de manière erratique en proposant un enchaînement de péripéties étonnantes et loufoques dont la cohérence prend son temps. Oubliez votre raison, votre logique, cette lecture demande de lâcher prise et de se laisser emporter dans le délire imaginaire et fantasque de son auteur. Habituée à son style dans les albums jeunesse, j’avoue avoir pourtant rapidement perdu pied dans cette bande-dessinée quand les personnages historiques décédés rencontraient des situations toutes plus étranges les unes que dans les autres et ce, dans un univers sans repère qui désarçonne déjà beaucoup à lui tout seul. L’ensemble est drôle, loufoque et clairement original, mais manque un peu de construction pour ne pas nous perdre. J’ai eu le sentiment que l’auteur était parti trop loin dans son délire personnel, laissant malheureusement de côté une partie du lectorat qui peine à accrocher. Parce qu’en plus, s’agissant d’un tome 1, l’intrigue prend finalement un sens plus lisible, offrant une quête à suivre, seulement en fin d’ouvrage. Ce qui nous laisse un peu perplexes quant aux intentions de l’auteur.

Un dessin doux et onirique mais une déception globale

Côté illustrations, Eric Puybaret a un trait de crayon et des colorisations très atypiques qui plairont ou déstabiliseront. Pour ma part, je suis assez cliente de son style qui, là encore, est le même que dans ses albums jeunesse bien que dans un format fort différent. Les dessins sont d’une douceur folle, maintenant ce flou artistique dans lequel le rêve se crée. C’est très intéressant graphiquement et cela accompagne le lecteur dans un florilège de références graphiques, que ce soit au travers du héros ressemblant un peu au Petit prince de St Exupéry en passant par des clins d’œil, je le crois, à Jérôme Bosch. Les références sont aussi nombreuses dans l’intrigue et participent à nous raccrocher aux pages. Malgré tout, je reste dubitative à l’issue de cette lecture. J’en attendais énormément, imaginant une bande dessinée onirique, poétique et philosophique pleine de sens et d’émerveillement. J’en ressors déçue, ayant eu le sentiment d’avoir lu une fable absurde dont je n’ai pas les clefs. Je crains de ne pas avoir envie de lire la suite…

En bref, c’est un avis très mitigé pour ce premier tome dans Les Antres. Si le dessin d’Eric Puybaret m’enchante toujours autant que dans ses œuvres pour la jeunesse, l’intrigue m’a désarçonnée puis perdue dans son enchaînement de péripéties loufoques trop difficiles à rendre cohérentes. Il y a quelque chose qui n’a pas fonctionné entre moi et cette BD malheureusement. J’en attendais tellement que la déception est rude.

« Lorsque notre héros meurt dans le naufrage de son voilier, le passeur qui vient à sa rencontre ne parvient pas à graver sur sa paume sa ligne post-mortem qui décidera de sa destination finale après sa mort. Privé de poids et balayé par les vents, celui-ci s'envole alors pour les Antres. Le malheureux est désormais une âme errante dans un monde à la logique et aux habitants bien particuliers. »

(Illustration de couverture et extrait : @ Eric Puybaret)

> Lire un extrait < (© Delcourt)

[Diversité : ps noir.e]

Content warning (contenus pouvant heurter la sensibilité sur la base d'une liste établie par Planète Diversité): Défiguration, Sang, Seringue

[Lecture n°26/108 (pour l'échelon 5 Synchronisation avec la page) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 10 de Ma lecturothèque]