Larkia

Après avoir longtemps été restreinte (par habitude mais surtout par ses éditeurs) à la littérature jeunesse, y compris en BD, Ingrid Chabert a eu envie de frapper fort hors de sa zone de confort en rédigeant le scénario d’une BD adulte post-apocalyptique à la Mad Max avec une héroïne sans pitié. C’est ainsi qu’est né Larkia, one-shot dessiné par Patricio Angel Delpeche et publié chez Glénat en mars de cette année. Voici ce que j’en ai pensé…

Une héroïne qui tabasse

Larkia est une bande dessinée qui nous présente son héroïne éponyme en plein accouchement dans un monde visiblement en ruine. Tout de suite, le climat s’installe: survie, danger, fuite sont les maîtres mots des premières pages, ponctuées de flash-backs énigmatiques qui vont nous révéler progressivement les dessous de cet univers et le pourquoi de la traque de Larkia et de son bébé. Très vite, l’intrigue nous embarque dans un rythme fou entre scènes d’actions assez folles et rebondissements. L’héroïne est bad ass à souhaits et sa personnalité forte transcende la page! Ingrid Chabert a parfaitement rempli son pari de nous offrir un personnage féroce et remarquable qui lutte avec hargne contre le reste du monde. L’univers, lui-même, est captivant et conserve son aura de mystères jusque’à la conclusion. Pour un one-shot, l’intrigue offre une belle richesse et laisserait clairement place à une suite ce qui donne une fin ouverte légèrement frustrante mais néanmoins réussie.

Une narration très dessinée

De nombreuses cases de la BD sont silencieuses. Entre scènes de fuite intenses et contemplatives et passages d’action très rythmés, cela donne une force et une énergie à ce one-shot qui conserve également sa lisibilité même quand ça tabasse de partout. Je regrette néanmoins quelques ellipses lorsque les flash-backs entrecoupent l’action et la rendent plus floue à comprendre. Le style de l’illustrateur argentin est très agréable. Alors même que la couverture ne m’avait pas particulièrement conquise, j’ai trouvé que son style collait parfaitement aux intentions de l’autrice et accompagnait à merveille le dynamisme du scénario. La colorisation joue aussi beaucoup sur l’ambiance. Une belle BD!

En bref, Larkia est une BD one-shot post-apo qui tabasse et nous embarque sans peine aux côtés d’une héroïne bad ass remarquable. Un scénario qui file à un rythme fou, porté par les illustrations agréables et parfaitement lisibles de Patricio Angel Delpeche. Je regrette quelques ellipses qui rendent la narration parfois moins et une fin ouverte, réussie, mais un peu frustrante.

« La société a implosé. Les années, en passant, ont transformé les villes en cimetières où seul règne le silence. L’horizon n’offre désormais au regard qu’un désert de misère et dans ce contexte, Larkia accouche d’un petit garçon bien décidé à vivre, mais dont les yeux restent clos. Le lendemain de sa naissance, alors qu’elle se remet à peine de l’opération, ils sont tous deux pris en chasse par des miliciens aussi enragés que surarmés. Sans relâche, la mère et l’enfant fuient, car ni repos, ni réponses ne leur sont accordés. Quelque part, dans le passé, se trouve une explication... l’origine de cette course poursuite violente et insensée.»

(Illustration de couverture et extraits: © Patricio Angel Delpeche)

> Lire un extrait < (© Glénat)

[Diversité: ps aveugle]

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