La baleine blanche des mers mortes

Après son formidable roman Mers mortes, Aurélie Wellenstein poursuit cet univers dans un registre qu’elle n’avait encore jamais exploré : la bande-dessinée. Avec Olivier Boiscommun au dessin, elle signe une histoire préquelle inédite intitulée La baleine blanche des mers mortes. La BD vient de paraître chez Drakoo et c’est sans doute la BD que j’attendais le plus cette année. Voici ce que j’en ai pensé…

[NB : Un grand merci aux éditions Drakoo pour cet envoi !]

Extrait :

« Elle m'inspirait une peur sacrée. Dénuée de honte. C'était une déesse. Pourtant, elle n'avait pas besoin de cathédrales, de temples ni de pyramides. »

Dans la digne lignée du roman

La baleine blanche des mers mortes est une bande-dessinée one-shot qui installe son histoire entre la nouvelle La mer monte, de l’anthologie Natures des Imaginales 2019 et l’action du roman Mers mortes. Mais nul besoin d’avoir lu l’un ou l’autre pour apprécier la lecture de cette bande-dessinée qui fait une belle introduction à l’univers (le risque d’avoir l’envie irrépressible de lire le roman ensuite est plus que probable cependant). Dans ce monde où la mer disparue revient hanter les survivants par des marées fantômes, nous suivons deux personnages bien curieux qui semblent en phase avec les animaux marins criant vengeance. Véritable ode au respect de la mer et de tout ce qui y vit, La baleine blanche des mers mortes est dans la digne lignée du roman et nous plonge au cœur des vices de notre humanité. C’est au travers des cauchemars de Bengale que l’autrice et l’illustrateur nous confrontent à ce que nous faisons subir à la mer aujourd’hui. Et si c’était à mon sens plus difficile dans le roman qui donnait la parole aux animaux, voir ses souffrances est aussi douloureux que nécessaire pour changer les choses. On perd peut-être juste un peu de l’intensité de l’œuvre originale sous ce format mais on n’en est pas moins touché en plein cœur par la force et la sincérité du propos.

Superbe et réussie

Quel plaisir de voir cet univers prendre vie sous le trait envoûtant d’Olivier Boiscommun ! Alors que j’avais reproché un style trop lisse dans la série Danthrakon, je retrouve ici l’esthétique onirique et mystérieuse de l’illustrateur pour mon plus grand bonheur. C’est très beau ! Peinture, flou mystérieux, volutes enivrantes, j’ai trouvé les planches de cette bande-dessinée superbe et à la hauteur de mes attentes. Bengale, mon personnage fétiche du roman, prend ici vie et correspond parfaitement, par son attitude ou son style, à l’image que je me faisais de lui. Les illustrations entrent en parfaite résonnance avec les mots d’Aurélie Wellenstein pour nous offrir une bande-dessinée aboutie et réussie avec une intrigue captivante. Entre émotion, envoûtement et tension, La baleine blanche des mers mortes est une histoire complète qui n’incite qu’à prolonger la découverte de l’univers. J’ai pour ma part adoré ce prolongement et ces retrouvailles avec Bengale, décidément très charismatique. La BD, riche en évènement contient également quelques légères touches d’humour mais aussi beaucoup de beauté et de poésie pour une lecture savoureuse.

En bref, j’attendais beaucoup de cette bande-dessinée, ayant adoré le roman d’Aurélie Wellenstein, son univers, ses personnages et ses messages. Et je n’ai absolument pas été déçue ! La BD est une réussite, dans la digne lignée du roman tout en étant indépendante. Puissante, captivante, touchante et prenant vie grâce aux illustrations envoûtantes d’Olivier Boiscommun, La baleine blanche des mers mortes est une réussite complète, même si elle est un peu moins intense en émotions que le roman pour moi.  

« Mers et océans ont disparu. L’eau s’est évaporée, tous les animaux marins sont morts.

Dans un monde changé en désert, la mer fantôme revient hanter les hommes.

Paris en ruines tremble sous l’ombre d’une baleine blanche et seuls les musiciens de l’Opéra parviennent à canaliser sa fureur en jouant pour elle.

Jusqu’au jour où deux voyageurs s’en mêlent : une femme qui danse avec les méduses et un homme au passé trouble.

Sont-ils du côté des survivants ou de celui des spectres ? »

(Illustration de couverture et extrait : © Olivier Boiscommun)

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