Émissaires des morts (Andrea Cort, #1)

Le 6 janvier prochain, les éditions Albin Michel Imaginaire publient le premier volume de la trilogie Andrea Cort de Adam-Troy Castro, Émissaires des morts, lauréat du prix Philip K. Dick. Mais non content de seulement publier les romans faisant apparaître le personnage phare de l’auteur, Gilles Dumay et son équipe ont décidé de publier également les nouvelles pour mieux suivre l’évolution d’Andrea Cort. Ce premier volume contient donc 4 nouvelles (Avec du sang sur les mains, Une défense infaillible, Les lâches n’ont pas de secret et Démons invisibles) suivies du premier roman pour comprendre l’histoire de Maître Cort dans l’ordre chronologique qui lui correspond. Et voici ce que j’ai pensé de tout ça…

[NB: Merci beaucoup Gilles Dumay pour cet envoi surprise mais très plaisant en fin d’année. Merci pour la confiance et, d’avance, bonne année!]

« Nous sommes tous des propriétés, Maître. La seule chose qui importe, c’est de bien choisir son maître.»

Des nouvelles qui donnent le ton

Parlons « brièvement » d’abord des 4 nouvelles/novellaes que contient cet ouvrage. Avant tout, je trouve le parti pris éditorial génial, dans le sens où Andrea Cort est un personnage qui évolue à chaque obstacle qu’elle rencontre et que celle du roman est le résultat de ses aventures précédentes. La lecture du roman se trouve très enrichie par la présence des textes le précédant. Et si Gilles Dumay nous conseille de picorer et de ne pas enchaîner les 4 nouvelles à la suite, j’ai pour ma part été absolument incapable de m’arrêter tant chaque texte est haletant et le personnage d’Andrea Cort diablement attachant. La première nouvelle, Avec du sang sur les mains (disponible gratuitement sur le site de l’éditeur) donne le ton et nous présente une enquêtrice soumise à ses démons du passé, asociale, féroce, franche et pourtant, déjà, touchante par son sens de la justice, marquante par son génie et épatante de courage. Et la suite de ces enquêtes, avec les trois autres textes, ne fait que renforcer notre attachement à elle. Le second récit, Une défense infaillible, est peut-être moins efficace mais nous éclaire sur la réputation d’Andrea Cort et nous illustre la vie sur la Nouvelle-Londres. Les lâches n’ont pas de secret et Démons invisibles sont phénoménales. Tant dans la tension permanente des intrigues que dans l’évolution du personnage, ces deux nouvelles sont passionnantes. Ce qui marque dans ces quatre récits, c’est aussi la découverte d’un univers qui dénonce beaucoup de travers de nos sociétés, de la corruption au racisme en passant par l’impossible unification des humains et le rejet perpétuel de la différence. Andrea Cort, malgré qu’elle soit une « garce » fait figure de tolérance, de justice et de moralité dans un monde à la dérive où les injustices sont monnaie courante. 

« Après ce jour-là, elle n’avait plus eu envie d’appartenir à une famille. Plus jamais. Plus de planète. Plus jamais. Plus d’amis. Plus jamais. Et sa confiance envers les espèces sentientes avait disparu. Y compris la sienne. Plus jamais. Remplacée par une obsession: combattre les monstres.»

De la bombe!

J’ai donc commencé la lecture du roman Émissaires des morts avec déjà un attachement certain, voir une admiration sans faille, pour Andrea Cort et du plaisir à poursuivre la découverte de cet univers de space opera. Et je n’ai absolument pas été déçue par cette première enquête au format long. Dans cette aventure, Andrea Cort est confrontée à un monde étrange qu'on visualise aisément et une enquête complexe et extrêmement bien construite qui est tout simplement passionnante. Sous haute tension, cette investigation tient le lectorat en haleine du début à la fin et ne cesse de nous surprendre par des rebondissements intelligents (petit regret uniquement sur un détail éditorial qui fait que l'auteur lui-même spoile une partie de son intrigue). Les messages portés par cette histoire, et grandement influencés par la quatrième nouvelle, Démons invisibles, sont captivants. J’apprécie aussi grandement le sens de la justice et l’ouverture d’esprit d’Andrea Cort qui démontre de plus en plus son humanité derrière la façade qui lui sert de protection. J’ai été très émue par la Andrea Cort du roman. Mais elle n’est plus la seule à conquérir mon coeur cette fois car j’aime aussi énormément Oscin et Skye, paire étonnante et très attachante. Ce premier roman, c’est de la bombe! Le rythme dépote, l’enquête captive, les messages et critiques promeuvent la justesse, l’égalité et la tolérance et l’univers est de plus en plus passionnant. On a aussi une formidable réflexion au travers de ces 5 textes, autour de la question de l'humanité et de notre tendance irrémdiable à la violence et à l'anéantissement. Le tout sous l’égide d’une héroïne déjà inoubliable. J’en veux plus. Et ça tombe bien parce que le tome 2 est annoncé pour juin 2021… plus qu’à patienter!

« Nous appartenons à une espèce qui n’hésite pas à torturer et à tuer son prochain pour des raisons aussi insignifiantes qu’une légère différence physique.»

En bref, j’ai été conquise par Andrea Cort et par l’univers dans lequel elle évolue! Que ce soit dans les 4 nouvelles palpitantes ou dans le roman passionnant qui composent ce  premier volume, j’ai été transportée par les enquêtes haletantes, touchée par les messages de tolérance, ébahie par les qualités de l’héroïne et émue par ses failles. Andrea Cort est devenu d’ores-et-déjà inoubliable et je ne peux plus me passer d’elle. 

« Quand elle avait huit ans, Andrea Cort a été témoin d’un génocide. Pis, après avoir vu ses parents massacrés, elle a rendu coup pour coup. En punition de ses crimes, elle est devenue la propriété perpétuelle du Corps diplomatique. Où, les années passant, elle a embrassé la carrière d’avocate, puis d’enquêtrice pour le bureau du procureur. Envoyée dans un habitat artificiel aussi inhospitalier qu’isolé, où deux meurtres viennent d’être commis, la jeune femme doit résoudre l’affaire sans créer d’incident diplomatique avec les intelligences artificielles propriétaires des lieux. Pour ses supérieurs, peu importe quel coupable sera désigné. Mais les leçons qu’Andrea a apprises enfant ont forgé l’adulte qu’elle est devenue : une femme pour le moins inflexible, qui ne vit que pour une chose, « combattre les monstres ».»

(Illustration de couverture : © Manchu)

[Diversité: pp bisexuel.le, ps pansexuel.le, ps noir.e, ps arabe, ps asiatique]