Comment le dire à la nuit

Paru en septembre 2018 dans la collection Griffe sombre des éditions du Chat Noir, Comment le dire à la nuit de Vincent Tassy est un roman gothique qui fait beaucoup parler de lui. Il est en effet sélectionné parmi les 21 sélectionnés pour le Prix Littéraire de l’Imaginaire BooktubersApp 2019 et finaliste du Prix Imaginales des Bibliothécaires 2019. En tant que jury de ces deux prix, il était évident que j’allais le découvrir et voici ce que j’en ai pensé…

Le dire avec lyrisme

Vincent Tassy est un poète, une âme mélancolique et torturée qui se traduit, dans ce récit, en phrasés lyriques et élégants digne de Marguerite Duras. Il y a de la mélancolie dans ses mots, une forme de torpeur épaisse qui enveloppe nos âmes d’un linceul de tristesse et nous embarque pleinement dans son univers poético-gothique. Indubitablement, sa plume est très belle, d’une grande richesse littéraire qui rappelle les formulations de la fin du XIXème siècle, y compris dans le style de récit qui, s’il parle d’amour, parle aussi de la tristesse et de la solitude la plus absolue. C’est le récit d’âme torturées, de siècles d’amour trop intense et sans réponse, de douleurs et de souffrances. Vincent Tassy enveloppe ce roman d’une soie noire, d’une chape de nuit où la beauté est partout, mais toujours empreinte d’une ombre poisseuse. On reste alors parfois à s’épancher sur un passage, sur une phrase, dont la beauté nous percute en plein cœur.

Le dire avec originalité

Ce roman, bien qu’inspiré de littérature gothique, est très original dans la construction de son intrigue, proposant, pendant de longues pages, des présentations de personnages en apparence sans lien et de différentes époques. La thématique se construit alors petit à petit, liant les différents éléments, personnalités et époques les unes aux autres comme se tisse une toile. Ainsi, bien que peu de choses se passent, on reste accroché à ce récit mystérieux qui ne se dévoile que par brides. Malheureusement, je me suis un peu lassé de cette histoire à mi-parcours pour finir le livre sur un sentiment plus mitigé que l’extase initiale provoquée par la plume. C’est beau, indéniablement, mais l’histoire manque pour moi d’un je-ne-sais-quoi de cohérent ou de logique, notamment dans son final, pour me convaincre pleinement. Cette quête folle d’amour est également un peu lassante et redondante pour moi après 250 pages. J’étais très attachée à une histoire en particulier, notamment à un personnage précis, et je dois dire que son absence sur la deuxième partie du roman a sans doute entaché mon plaisir également.

En bref, Comment le dire à la nuit est un roman sublime sur le plan littéraire, élégant, riche et poétique. Mais l’intrigue, bien qu’originale, manque de logique sur son final et finit par lasser quelque peu…

« La dame en noir vivait seule dans son château. Elle ne pouvait pas mourir. De tout ce temps qu’elle avait, elle ne faisait rien. Et puis un jour, elle trouva sur son chemin le garçon aux cheveux blancs.

Elle l’enleva.

Elle voulait vivre une histoire. Une histoire d’amour et de nuit qui traverserait les siècles. »