Amen. Tome 1, Ishoa ou la précession des équinoxes

Adaptation libre d’Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, Amen est une série BD écrite et illustrée par Georges Bess, accompagné de Josie de Rosa pour la couleur. Le premier tome, Ishoa ou la précession des équinoxes a été publié cette année chez Glénat et m’avait attiré, si ce n’est par son pitch, par cette couverture étonnante et très graphique. J’ai eu envie de voir ce que ça valait et voici ce que j’en ai pensé…

Entre le vertigineux et le perturbant

Une fois n’est pas coutume, commençons par ce qui constituait pour moi l’attrait principal de la BD : le graphisme. Si on ne retrouve pas l’aspect qui m’avait interpellé de la couverture dans l’intérieur de l’album, notamment pour ce qui est du contraste entre le chargé et le fond blanc épuré, la BD nous offre malgré tout des décors absolument grandioses et certaines planches sont vertigineuses, notamment sur le voyage spatial que j'ai trouvé superbe. Très chargé, très riche en couleurs, les environnements de cette histoire sont pour moi un gros point fort de la lecture, offrant un univers exotique foisonnant qui est plaisant à découvrir. J’apprécie un peu moins le dessin des personnages, notamment les traits des visages, souvent exagérés et dérangeants. Les proportions, mêmes, me mettent quelque peu mal à l’aise sur certaines cases. Mais la BD à le mérite d’avoir un style graphique qui lui est propre et qui ne manque ni de détails, ni de vie.

Une histoire déjà vue et beaucoup trop clichée

Côté intrigue, par contre, on manque clairement de finesse… L’intrigue est une adaptation libre qui, de fait, à un côté déjà vu indéniable. L’aspect guerre de religions dans l’espace est assez classique et l’ensemble de l’histoire de ce tome 1 remplit toutes les cases des histoires de ce type. En soit, ce n’est pas si dérangeant et ça aurait pu offrir tout de même une lecture sympathique, sans trop de temps morts et avec un bon suspense. Mais malheureusement c’est aussi un océan de clichés dérangeants. Les dialogues qui traduisent les accents étrangers en ridicule, les grosses brutes qui sont débiles et racistes à l’extrême, les religieux extrémistes absurdes, l’absence totale de personnages féminins (mais vu le traitement du reste, ça vaut peut-être mieux !), … Finalement ça donne une BD qui a un ton beauf. Alors, oui, c’est assumé et sans doute voulu. Glénat évoque d’ailleurs Métal Hurlant dans sa présentation de la BD. Mais il manque pour moi un peu de finesse ou de second degré plus clair pour que ça n’apparaisse pas comme un défaut. Je comprends que c’est une critique de la religion, de la bêtise humaine et de sa volonté de tout dominer, mais j’ai lu/vu des œuvres qui portaient le même message avec plus de puissance sans en faire des caisses. Sachez enfin que ce tome 1 est purement introductif et vous laisse sur un cliffhanger où l’intrigue ne fait que démarrer. Mais malgré la frustration de ne rien avoir vraiment vu de l’histoire, je n’ai pas été assez convaincue pour vouloir poursuivre.

En bref, je n’ai que moyennement apprécié ma lecture du tome 1 de Amen. Si j’ai trouvé la BD graphiquement intéressante, notamment pour ce qui est des décors vertigineux et foisonnants, j’ai trouvé l’histoire très classique et surtout trop stéréotypée et grossière. Malgré la frustration d’un tome 1 uniquement introductif, la curiosité ne l’emportera pas sur la déception pour ce qui est de lire la suite ou non.

« Tandis que d’interminables guerres de religions ravagent la galaxie tout entière, Arcadia cache de nombreux mystères... Et si la solution pour faire cesser cette pure folie guerrière se trouvait sur cette planète aux confins de l’univers connu ? Deux expéditions y ont déjà été envoyées par la Coalition mais aucune n’en est revenue. Pas un seul signe de vie n’a été relayé et aucune donnée n’a été transmise. Pourtant, Arcadia attire. Et une troisième expédition de néo-conquistadors vient d’y débarquer. Commanditée par Sir Raleigh et dirigée par son protégé Ishoa, elle est composée de quatre frères prêcheurs, de quantités de mercenaires – tous anciens forçats – et davantage encore d’esclaves-mutants et sherpas. Au programme : évangélisation de toute forme de vie consciente, annihilation d’espèces hostiles, recherche de richesses minières et enquête sur la disparition des deux précédentes expéditions. Mais dès la première journée d’exploration, d’inexplicables phénomènes laissent présager du pire concernant la destinée des précédents colons... »

(Illustration de couverture & extrait : © Georges Bess – couleurs © Josie de Rosa)

> Lire un extrait (© Glénat) <

Tome 2 – Kurtz, là où rêvent les nébuleuses (à paraître)

[Diversité : pp juif.ve, ps noir.e, ps musulman.ne]

Esclavagisme, Fusillade, Racisme

[Lecture n°65/72 (pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 9 de Ma lecturothèque]