Aldobrando

En début d’année, les éditions Casterman ont publié la bande-dessinée Aldobrando, un one-shot italien de 200 pages écrit par Gipi et illustré par Luigi Critone assisté de Francesco Daniele et Claudia Palescandolo pour la colorisation. J’avais craqué sur l’illustration de couverture et sa touche d’aquarelles. Voici donc ce que j’ai pensé de son contenu…

« Je parle de l’amour. Il peut changer les choses. Mais je ne sais pas encore très bien si c’est en mieux ou en pire…»

Graphiquement superbe

Luigi Critone a un trait empreint d’une certaine sensibilité qui nous plonge sans peine dans l’univers médiéval de cette histoire. Ses personnages ont des traits et des attitudes très caractéristiques qui marquent les esprits et ses décors sont foisonnants de détails tout en conservant une certaine aura de mystère qui donne à l’ensemble une ambiance savoureuse. La qualité esthétique de l’oeuvre tient aussi de sa colorisation à l’aquarelle. Francesco Daniele, et Claudia Palescandolo ont réalisé un travail formidable qui dote Aldobrando d’une âme tant la colorisation donne vie à l’univers. Les cases plutôt imposantes permettent de profiter pleinement de ce beau travail. Petit regret très personnel, certains textes des bulles, en tout cas dans la version que j'ai lu, apparaissent comme légèrement dédoublés ce qui est particulièrement gênant quand on a des soucis de vision… Heureusement que ça ne dure pas sur 200 pages.

Un scénario un peu bancal

Malheureusement, un bel écrin ne fait pas tout. J’ai eu beau adorer le travail graphique, j’ai peiné à achever la lecture de ces 200 pages à cause de deux problèmes. D’une part, le personnage d’Aldobrando est certes un « coeur pur », mais il est surtout un jeune homme qui n’a pas toutes ses frites dans le même sachet comme on dit ici. Et très vite, je me suis agacée de la gaucherie et de l’innocence niaise qu’il représente. Je veux bien qu’il ne soit jamais sorti voir le monde mais il n’a l’air de n’avoir rien appris du tout pendant ce temps! Loin de me provoquer l’émotion attendue, son histoire m’a juste ennuyé. D’autre part, on reste sur un scénario ultra classique qui ne surprend plus. Scénario classique mais aussi un peu bancal à cause de ficelles scénaristiques assez grossières. C’est picaresque certes, c’est plein de mignonnes intentions, mais ça ne tient pas assez la route pour me convaincre pleinement On se croirait un peu dans une histoire Disney like sur la fin, et j’ai passé l’âge de croire aux contes de fées. 

En bref, Aldobrando ne m’aura pas convaincu. Pourtant sublime graphiquement grâce à un trait sensible et une colorisation formidable, la BD ne m’aura pas emporté dans l'histoire trop classique de son personnage un peu trop coeur pur pour moi…

« Avant de « descendre combattre à la Fosse » le père d’Aldobrando sachant son heure venue, le confia à un mage. Celui-ci devrait le protéger et l’éduquer jusqu’à ce qu’il soit en âge de découvrir le vaste monde. Quelques années plus tard, voilà que la préparation d’une potion tourne au drame. Grièvement blessé à l’œil par un chat qui ne voulait pas bouillir, le mage demande à son jeune protégé d’aller en urgence lui quérir l’Herbe du loup. Mais comment peut-on se débrouiller en botanique alors que l’on n'a jamais mis un pied dehors et que l’on tombe nez à nez avec l’assassin du fils du Roi de Deux Fontaines ?»

(Illustration de couverture & extrait: © Luigi Critone / couleurs: © Francesco Daniele, Claudia Palescandolo)

> Lire un extrait < (© Casterman)