Chernobyl

De mai à juin 2019, HBO diffusait une mini-série de 5 épisodes de plus ou moins 1h sur la catastrophe nucléaire de 1986 Chernobyl. Réalisée par Johan Renck et scénarisée par Craig Mazin, tous deux récompensés d’ailleurs par un Emmy awards en 2019, cette série dramatique a rencontré un succès phénoménal et de nombreuses récompenses: 2 autres Emmy awards dont 1 pour la musique de Hildur Ingveldardóttir Guðnadóttir et 2 Golden globes en 2020 dont 1 pour l’acteur Stellan Skarsgård. Intriguée, j’ai voulu découvrir cette série conseillée par tout le monde et voici ce que j’en ai pensé…

Une réalisation impeccable

Faire une série sur une catastrophe nucléaire réelle c’est osé et complexe. Il s’agit en effet de ne pas trahir les faits, aussi nébuleux soient-ils avec toute la chape de silence imposée par l’Union soviétique. Et d’après tous les témoignages, photos d’époque et études que j’ai pu voir, je pense que l’équipe à réussi brillamment cet aspect. Les lieux et surtout l’ambiance si particulière de l’URSS m’ont semblé très justes et donnent à cette série un réalisme essentiel. Il me semble qu’ils ont vraiment bien retranscris le mécanisme de cette Union Soviétique qui cache, nie, fait des erreurs pour éviter l’humiliation, mais sans en faire une société diabolique qui tue sans réfléchir. Et clairement, ce n’est pas des plus simples tant les raccourcis de ce type ont toujours été nombreux dans la tête des gens. Johan Renck et Craig Mazin ont également évité l’écueil de tomber dans le sensationnalisme en nous offrant une série axée sur les faits. L’explosion qui intervient très rapidement en sans doute la meilleure illustration de ce refus de faire du spectaculaire car elle apparaît à distance, dans le silence. De même, si certains passages sont difficiles à regarder (je pense aux victimes à l’hôpital), montrer l’horreur est malheureusement essentiel aussi pour comprendre. Cependant, ils évitent brillamment de nous montrer le pire pour ne pas aller dans l’excès. La série dans son ensemble est une belle leçon de réalisation avec des scènes puissantes mais justes, et une volonté évidente de raconter pour alerter. Si la série est excellente c’est aussi grâce à son casting. Les rôles sont difficiles et pourtant très bien interprétés malgré cette forte propension de non-dits. Je suis particulièrement admirative du travail de Jared Harris et Stellan Skarsgård (Legassov et Shcherbina) qui sont grandioses dans leur rôle et qui nous disent beaucoup en un seul regard.

Le prix des mensonges

La volonté de l’équipe de la série était d’interroger le prix des mensonges tout en racontant, au plus près, la vérité. Ils ont évidemment dû faire quelques aménagements avec la réalité (bien que très peu), et tous sont expliqués dans un podcast de 5 épisodes, afin de ne pas ajouter du mensonge à une catastrophe qui y baigne. Il est glaçant de voir que tout ceci aurait pu être évité sans la censure absurde d’une nation en pleine Guerre Froide… La série, dans sa volonté d’éduquer, propose notamment dans son épisode 5 grandiose, une leçon de vulgarisation scientifique absolument parfaite qui nous donne accès à la compréhension pleine et entière de la catastrophe tout en nous captivant encore et toujours. Car oui, dire des faits historiques sans sensationnalisme tout en retenant complètement l’attention du téléspectateur c’est la prouesse de cette série. Le visionnage est pourtant dur, terriblement déprimant, tant on a envie de secouer les gens pour changer les choses tout en sachant que c’est trop tard. En fait, Chernobyl est l’excellence d’une série horrifique avec un ennemi qui est invisible et partout, et une tension permanente ajoutée par une BO très sobre mais glaçante. Sauf que tout ça est vrai, et qu’on ne peut l’oublier. Chaque épisode est une gifle, violente, marquante et pourtant essentielle, ne serait-ce que pour ne pas oublier les héros anonymes qui ont contribué à arrêter cette catastrophe qui aurait pu être bien pire encore…

En bref, Chernobyl est une mini-série brillante à la réalisation maîtrisée et aux messages forts. Il est certes difficile de la regarder, tant la situation est atroce et sous tension, mais elle nous donne une leçon primordiale qui la rend nécessaire.

« 26 avril 1986, l'histoire vraie de la pire catastrophe causée par l'homme et de ceux qui ont sacrifié leur vie pour sauver l'Europe du drame. L'explosion d'un réacteur à la centrale nucléaire de Chernobyl, en Ukraine, a de terribles conséquences aussi bien sur le personnel de l'usine, que sur les équipes de secours, la population et l’environnement. »

Bande-annonce (© HBO):